En janvier, le Sénat a définitivement adopté l’instauration obligatoire d’un label « fait maison », dans le cadre du projet de loi consommation. En quoi cela consiste-t-il exactement ?
Il faut savoir que la plupart des restaurants utilisent des produits industriels.
En tant que consommatrice, je souhaiterais être informée du mode de préparation des plats au même titre qu’aujourd’hui on indique la provenance de la viande suite aux scandales alimentaires.
C’est quoi exactement le label fait maison ?
Dans le cadre de la loi sur la consommation, cette mesure a pour but de renforcer la transparence sur l’origine des produits et le mode de préparation.
L’objectif est de permettre aux clients de différencier les plats préparés directement en cuisine donc des plats faits maison, des plats confectionnés en usine.
Donc si vous trouvez ce label sur la carte du restaurant, cela signifie que le restaurateur confectionne lui-même ses plats. Il peut tout de même employer certains éléments préparés. Par exemple, s’il fait une quiche maison avec un rouleau de pâte préparée, cela sera tout de même considéré comme du fait maison car le texte voté dit qu’un plat fait maison est élaboré sur place à partir de produits bruts. On ne parle donc pas de produits bruts et frais. Il ne sera pas non plus fait mention de l’utilisation de produits congelés.
Si rien n’est indiqué sur la carte, cela signifie que le restaurateur utilise des plats préparés.
A savoir que si le restaurateur utilise le label fait maison sur sa carte alors que les produits sont d’origine industrielle, il peut être sanctionné pénalement pour pratique commerciale trompeuse.
Donc si je comprends bien…
Au lieu d’identifier les produits industriels, c’est le commerçant qui fait des produits maison qui doit refaire son menu et tenir un registre avec ses fournisseurs et livres de compte en cas de contrôle.
Normal.
Reste qu’un restaurateur qui n’a pas envie de se compliquer la vie n’affichera tout simplement pas ce label. Donc si je vais dans une ville où aucun restaurant n’affiche le label, comment savoir qui fait de la cuisine maison ?
Mais moi, je voulais de la transparence Monsieur
L’objectif de ce label fait maison n’est-il pas de jouer la transparence ?
Pourquoi ne pas plutôt identifier les plats industriels ?
Tout simplement parce que les lobbies de l’agro-alimentaire n’ont pas voulu ma bonne dame.
Ah.
Il n’y a pas déjà d’autres labels ?
Et bien si. Maître restaurateur est un titre qui a été créé en 2007 pour les cuisiniers qui travaillent les produits frais et non les plats cuisinés. 2700 chefs qui ont ce label aujourd’hui. Certains restaurateurs ont également lancé leur propre label comme les « Restaurants qui font à manger » ou les « Restaurants de qualité ».
Parce qu’on aime bien les labels
Il faut croire qu’entre le scandale de la viande de cheval et celui de la vache folle, on a envie de rassurer les consommateurs qui ont envie de savoir ce qu’ils mangent.
Les produits locaux ont de plus ne plus de succès. C’est pour cela que le label Des produits d’ici a été créé : des produits cultivés en Ile de France et cuisinés par des chefs de la même région comme Pierre Sang par exemple.
Pourtant le fait maison a la cote
Les ventes de livres de cuisine fonctionnent bien. La crise et les émissions culinaires font que les personnes préfèrent cuisiner elles-mêmes et de préférence avec des produits de saison.
Les scandales alimentaires ont conforté les consommateurs dans l’idée d’acheter directement au producteur en circuit court.
A titre personnel je ne vais pas au restaurant pour manger des plats préparés. Je préfère une carte avec moins de choix qu’un menu de dix pages avec du déjà prêt à moins évidemment que le restaurateur se fournisse chez un artisan local pour la charcuterie par exemple. Alors peut-être faut-il aller moins souvent au restaurant et mettre un peu plus le prix pour avoir des plats de qualité et une cuisine du marché.
Tout a un coût ma bonne dame
Parce qu’un restaurateur qui cuisine, j’ai l’impression d’en voir de moins en moins.
Vous savez, il faut se lever à 4h30 pour aller à Rungis, faire du réassort au marché, préparer la matinée avec les commis à embaucher et former, et faire le service.
Ah oui et on travaille en coupure. Si on a de la chance on rentre chez soi sinon, il faut aller faire un tour et revenir pour 18h. Si on a la chance d’être patron, il y a la compta à faire et les commandes auprès des fournisseurs. Le soir on refait la préparation, on dîne avec l’équipe et c’est reparti pour le service et rentrer chez soi vers 23h-minuit.
Cuisiner c’est prendre le temps de préparer et cela a donc un coût. Former et garder le personnel coûte cher. C’est un métier pénible qui peine à recruter.
Peut-être que ce label permettra-t-il aux restaurateurs qui l’afficheront de gagner une nouvelle clientèle et d’embaucher ? En tous les cas, le consommateur aurait certainement souhaité un peu plus de transparence.
Source photo couverture : Zim & Zou.